En 1968, la lutte pour des réparations a été initiée par l’Organisation Fraternelle (OF) (lire « L’Organisation Fraternelle, Noir sur Blanc », novembre 1998, Sylvio Michel et « Combats Fraternels, Premier Pas d’une Diaspora Africaine vers les Réparations », juillet 2017, Sylvio Michel) aujourd’hui Verts Fraternels (VF), en mettant en place dans la non-violence, plusieurs actions et objectifs qui constituent la charte de la Green Reparations Foundation. Ainsi, dans la continuité de leurs combats menés pour obtenir des réparations et dédommagements pour les familles dont les ancêtres ont connu l’esclavage, les objectifs de notre fondation qui se décomposent en quatre grands principes :

Justice :

186 ans après la fin de l’esclavage et de la traite négrière, les séquelles de ces époques sont encore présentes dans la société à Maurice. Les anciens esclaves et leurs descendants se sont retrouvés sans capital immobilier et ont dû repartir de zéro augmentant les inégalités puisque la majorité d’entre eux vit sous le seuil de pauvreté et ils font aujourd’hui face à une extrême précarité en termes de logement, d’emploi et d’éducation.

La GRF milite pour que cela change afin que les réparations opèrent à Maurice et que le pays soit un exemple aux familles descendantes d’esclaves, ailleurs dans le monde, qui subissent les conséquences du crime de l’esclavage.

Vérité historique :

A travers le monde, de nombreux pays, en particulier les anciennes puissances coloniales, pratiquent ce qu’on appelle la « politique de l’oubli » qui consiste à négliger et/ou oublier volontairement certains pans de l’histoire pour ne pas raviver un passé non assumé. Nous luttons pour faire la lumière sur ces événements passés sous silence avant l’indépendance du pays et encore tabou de nos jours. Il faut réparer le crime de l’esclavage, à Maurice et dans le monde entier, en rétablissant la vérité sur les personnalités qui ont marqué le pays, positivement ou négativement. Il faut mettre à disposition tous les outils nécessaires pour connaître l’histoire sous tous ses angles en vue de réparations de la part des États et institutions qui ont bénéficié de l’esclavage.

Responsabiliser :

Pour mettre en place la GRF, les VF ont eu à surmonter d’innombrables obstacles en raison de la réticence, voire du refus, de certains hommes de loi contactés, notamment des notaires, pour enclencher la procédure d‘enregistrement légal auprès du Registrar of Companies en vue d’un statut légal pour opérer dans le pays. Ce n’estque cinq ans après que la GRF a été enregistrée et qu’elle a obtenu son certificat et son permis pour opérer sur le sol mauricien.

Ensuite, les VF ont pris contact avec les anciennes puissances, le gouvernement et les organismes privés mauriciens concernés par la question des réparations. Le but était de les informer de la mise sur pied de cette fondation et de les inviter à se faire représenter au sein du conseil d’administration.

Depuis la création de la GRF, nous avons multiplié les manifestations (GRF devant le MTC, Journée internationale du Kreol devant le Parlement) et les envois de courrier, entre autres, auprès du Premier Ministre mauricien, des responsables du Mauritius Turf Cluf (MTC) et de la Mauritius Commercial Bank (MCB) afin que les autorités publiques et privées à Maurice prennent leurs responsabilités. Nous souhaitons que celles-ci, ainsi que les gouvernements étrangers ayant profité de ce crime contre l’humanité, assument leur devoir de réparations en versant des dédommagements économiques et apportent des aides juridiques et sociales aux descendant.e.s d’esclaves qui continuent d’être affecté.e.s 186 ans après l’abolition de l’esclavage à Maurice.

Une lutte pour les générations futures :

En plus de lutter pour que les patrimoines historiques et identitaires des futures générations soient préservés de l’oubli, nous militons également pour que les réparations opérées respectent le développement durable. L’urgence climatique est aujourd’hui indéniable. Pour ne pas compromettre l’avenir des prochaines générations, nous orientons les réparations vers des solutions respectueuses de l’environnement (notamment pour les logements sociaux et les emplois). Cette optique d’économie verte sera bénéfique à la population mauricienne. Nous espérons que notre démarche inspire d’autres pays et qu’on prenne conscience que les réparations aux descendant.e.s d’esclaves puissent se faire dans une perspective écologique et donc dans la non-violence et pour le bien commun.