Récupération de l’Archipel des Chagos

L’archipel des Chagos qui est partie intégrante du territoire mauricien avait été « excisé » avant l’indépendance de Maurice en 1965 par le Royaume-Uni. Le but était d’en faire un « British Indian Ocean Territory » reconnu uniquement par les USA en vue de la transformation d’un des îlots de l’archipel (Diego Garcia) en base aéronavale US pour la défense des intérêts des Occidentaux dans cette partie du monde. Les habitants avaient été expulsés vers Maurice et les Seychelles, sans aucun soutien. L’Organisation Fraternelle s’est occupée de ce dossier difficile. La visite à Londres et à Paris concernait ces expulsés.

Pour plus d’information, lire le livre ‘Combats Fraternels, Premiers Pas d’une Diaspora Africaine vers les Réparations‘, juillet 2017, Sylvio Michel.

Le 1er février comme jour de congé : 2001

La commémoration du jour de l’abolition de l’esclavage à Maurice a été un véritable parcours du combattant pour l’Organisation Fraternelle (aujourd’hui Verts Fraternels). En effet, si le 1er février est aujourd’hui un jour férié à Maurice, il a fallu mener une longue lutte entre 1973 et 2001 pour qu’il en soit ainsi. Quelques dates qui en font  l’historique :

¤ 1973 : Dans l’optique de lutter contre la politique de l’oubli* (passer sous silence différentes périodes de l’histoire d’un pays notamment celle de l’esclavage) instaurée par l’élite mauricienne, l’OF commémore pour la première fois l’abolition de l’esclavage.

¤ 1976 : Les membres de l’OF érigent une stèle commémorative au Jardin de la Compagnie à Port-Louis en mémoire des anciens esclaves. Elle rappelle l’abolition de l’esclavage et souligne l’importance de sa commémoration par les nouvelles générations.

¤ 1977 : Sylvio Michel, député élu sous la bannière du Mouvement Militant Mauricien, dépose une motion pour que le 1er février devienne un jour férié qui commémore au niveau national l’abolition de l’esclavage. Cette motion, quoique votée à l’unanimité par l’Assemblée législative (parlement mauricien) n’a pas été appliquée à l’époque  en raison des lobbyies  contraires du secteur privé mauricien jouant sur le nombre jugé trop élevé de congés publics, 22 à l’époque.

 ¤ 1983 : Le nombre des congés publics sont réduits à 14, sans inclure le 1er février, ce qui provoque le départ du dèputé Sylvio Michel de la majorité (l’alliance politique MMM/PSM), au pouvoir. Cette alliance est rompue en 1983.

¤ 1985 : Malgré une promesse électorale faite à l’ONG Organisation Fraternelle pour soutenir le Mouvement Militant Socialiste(MSM), le nouveau gouvernement n’inclut pas le 1er février au calendrier des congés publics. Le 1er février est exceptionnellement décrété jour férié pour commémorer officiellement les 150 ans de l’abolition de l’esclavage. Encore une fois, Sylvio Michel et Gaetan Gungaram, ministre et député respectivement, passent à l’opposition.

¤ Entre 1986-1999 : le 1er février resté jour ouvrable, continuera à être commémoré par le gouvernement en place alors que les membres de l’OF devenue en 1989 VF continueront à se rassembler autour de la stèle érigée en 1976 pour commémorer l’abolition de l’esclavage. 

¤ A partir de 1999 : Les Verts Fraternels, commémorent l’abolition de l’esclavage non plus au Jardin de la Compagnie à Port-Louis mais au pied du Morne ce qui a contribué à sa sauvegarde puisqu’il a été classé « Paysage culturel de l’humanité » par l’UNESCO en 2009. 

¤ A partir de 2001 : En alliance avec le MMM et le MSM,  les VF remportent la lutte menée depuis 1973 puisqu’en 2001, le 1er février est officiellement reconnu par le nouveau gouvernement issu des élections législatives  de 2000 comme jour de congé public et il a conduit à un autre jour férié pour le 2 novembre, date de commémoration de l’arrivée des travailleurs engagés à Maurice.

Kreol Morisien, langue officielle à la radio et télévisions nationales et matière optionnelle examinable au niveau primaire : 1999 et 2012

Né pendant la période de l’esclavage, le Kreol Morisien est aujourd’hui une langue de communication à travers le pays. Il permet à chacun de s’exprimer avec confiance, de nouer des liens et de s’intégrer à la société. Néanmoins, le créole utilisé par les Mauriciens dans pratiquement tous les contextes comme langue informelle de communication a toujours suscité des résistances quant à sa reconnaissance comme langue officielle alors qu’il est notre langue maternelle. 

Pour que le créole soit utilisé à la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), unique chaîne de  télévision d’état,  en 1999, il a fallu que Sylvio Michel porte plainte en Cour Suprême, en s’appuyant sur le MBC Act, après plusieurs années de combat sans succès. C’est en Cour Suprême qu’il a eu recourt. La MBC a commencé par proposer des bulletins  d’information en créole midi avant de programmer en 2001, le « Zournal Kreol » à la télévision sur la  MBC tous les soirs à 19h grâce cette fois à un accord électoral qui a été respecté.

L’annonce d’une grande manifestation par les Verts Fraternels devant le ministère de l’Éducation, à Phoenix, a été déterminante. Le ministre d’alors, l’hon Vasant Banwaree, a accepté le dialogue, dont le résultat palpable a été l’introduction du Kreol Morisien à l’école en 2012, après l’institution d’une académie kreol qui a établi l’orthographe, la grammaire, et les manuels. Nous considérons que le droit du jeune mauricien d’apprendre sa langue maternelle au même titre que les autres langues dans le système scolaire, doit être respecté. L’enseignement, et notamment celui du Kreol Morisien, est l’un des champs d’action principaux de la Fondation.

Le Morne reconnu comme Paysage culturel de l’humanité par l’UNESCO : 2009

Situé dans le Sud-Ouest de l’île Maurice, le Morne est une montagne aujourd’hui inscrite au patrimoine de l’UNESCO pour son histoire liée au marronage. La montagne est le lieu où les esclaves se cachaient et s’abritaient pour fuir leurs maîtres et le système de l’esclavage. Le Morne a été menacé de disparition par des projets à caractère touristique – Integrated Resort Scheme (IRS) –  qui ont failli y voir le jour (la construction d’un téléférique, d’un restaurant, des bungallows et d’un hôtel  5 Étoiles) détruisant le lieu symbolique dans la lutte contre l’esclavage. 

L’intervention des Verts Fraternels sur le plan politique avec notamment la mobilisation annuelle chaque  1er février à partir de 1999, pour commémorer l’abolition de l’esclavage, a été décisive pour préserver le site : son accord avec le gouvernement a permis de passer à une double demande de Maurice faite au comité de l’UNESCO : Apraavasy Ghat et le Morne. En 2009, l’UNESCO a classé le Morne comme « Paysage culturel de l’humanité » : [https://whc.unesco.org/en/list/1259]. Depuis, chaque 1er février, le gouvernement mauricien commémore officiellement l’abolition de l’esclavage au pied du site.

Etablissement de la Truth and Justice Commission (Commission Vérité et Justice) : 2009

La mise sur pied de cette commission est le résultat de l’accord électoral avec le Parti Travailliste, en 2005, et a marqué l’aboutissement des revendications des Verts Fraternels (VF) pour une étude sur les séquelles de l’esclavage et leurs réparations. En 2009, la Truth and Justice commission est établie pour mener une étude sur les conséquences de l’esclavage et de l’engagisme dans la République de Maurice. Elle constitue en soi un résultat unique au monde. Dans la continuité de l’établissement de celle-ci soumet son rapport en novembre 2011 et fait 290 recommandations dont plus de 100 sur l’esclavage. 

Pour plus de renseignements, voici le rapport des VF présentant leurs luttes et les attentes de cette Commission :

Journée internationale du Créole

Lors de la journée internationale des langues et cultures créoles, la GRF a décidé de manifester de manière symbolique devant l’hôtel du gouvernement à Port Louis avec l’autorisation du Commissaire de Police. Le Kreol Morisien faisant partie de nos principales revendications (pour en savoir plus: cliquez ici) et combats menés tant par l’Organisation Fraternelle que les  Verts Fraternels (voir l’article sur le créole comme langue officielle), nous estimons qu’il est grand temps que le Kreol Morisien, langue nationale, soit utilisé au Parlement tout comme l’anglais ou le français. Étant la langue maternelle de chaque mauricien.n.e, il est plus juste et démocratique que le créole soit utilisé dans les instances du pouvoir afin que tout le monde puisse suivre et comprendre les débats et les politiques qui en découlent.

En parallèle, des membres de la GRF et des Verts Fraternels ont organisé différents évènements dans le but de valoriser le Kreol Morisien.

1ère commémoration de la journée du souvenir de la traite négrière et de son abolition, 23 août 2020

Depuis 1998, l’UNESCO commémore la journée internationale en mémoire de l’insurrection menée en 1791 à Saint Domingue (aujourd’hui Haïti) contre les propriétaires d’esclaves et pour l’abolition de la traite négrière. Pour marquer cette journée commémorative, la GRF a choisi de manifester devant le bureau du Mauritius Turf Club (MTC), créé en 1812, pendant la période d’esclavage durant la colonisation britannique, pour mettre en lumière trois lieux symboliques dans l’histoire de l’esclavage à Maurice.

Le premier concerne le Champs de Mars. La GRF souhaite rappeler que le Champs de Mars était un lieu où se réunissaient souvent les membres de l’Assemblée coloniale. Ils étaient pour la plupart des propriétaires d’esclaves et surtout, opposés au décret proposé par la France en 1794 pour abolir l’esclavage dans les colonies françaises et donc à Maurice.

Le second symbole est le tombeau de Malartic. En effet, il est souvent omis dans les livres scolaires de rappeler que Malartic, ancien gouverneur de Maurice, n’est pas intervenu lorsque les membres de l’Assemblée coloniale ont refusé l’abolition de l’esclavage. Il a d’ailleurs renvoyé en mer les émissaires français venus à Maurice pour veiller à l’application du décret pour mettre fin à l’esclavage. Néanmoins, il est le seul gouverneur qui a été enterré hors d’un cimetière et dont le nom et la mémoire sont réitérés pendant les journées hippiques alors qu’il ne s’est pas opposé à l’abolition de l’esclavage et que son propre tombeau a été bâti par des esclaves.

La dernière raison est le MTC lui-même. Construit en 1812 par le Colonel Drapper sous le régime britannique depuis 1810, la traite négrière et l’esclavage étaient encore pratiqués. Le MTC a profité de la main d’œuvre gratuite et a exploité les esclaves pour construire son bâtiment et sa richesse actuelle. Aujourd’hui, de nombreux descendants d’esclaves vivent dans l’extrême pauvreté alors que des établissements comme le MTC prospèrent.

Nous avons envoyé différents courriers pour contacter et inviter au dialogue les propriétaires du MTC pour parler des réparations. En l’absence de réponse, nous avons décidé de manifester près du MTC pour montrer que nous continuerons de nous battre. Nous souhaitons également qu’une plaque commémorative soit érigée sur le Champs de Mars, en mémoire des milliers d’esclaves qui ont contribué à sa construction et y ont perdu la vie.

Elie Michel Memorial Lecture

Depuis 2014, chaque 22 juillet a lieu le Élie Michel Memorial Lecture qui a pour objectif de commémorer la mémoire des personnes qui ont participé à la lutte pour les réparations dans l’Organisation Fraternelle et/ou les Verts Fraternels. En 2020, la GRF a repris cette initiative. Nous tenons à commémorer et célébrer la mémoire de toutes ces personnes investies malgré les nombreux obstacles auxquels nous avons fait face, pour l’avenir des prochaines générations. Le Élie Michel Memorial Lecture est un moment de communion, de gratitude et de nouvelles perspectives pour notre combat jusqu’à ce que justice soit faite.

1ère activité publique de la GRF : Commémoration du 1er Février 2020

Lors de cette commémoration du 185e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, la GRF a pris la parole au Jardin de la Compagnie à Port-Louis. Nous en avons profité pour rappeler nos objectifs et notre engagement dans la lutte : nous souhaitons interpeller les autorités publiques et certaines entreprises privées qui ont bénéficié du crime de l’esclavage pour s’enrichir et leur demander des réparations pour les  familles descendantes d’esclaves qui en subissent les conséquences. 

L’esclavage et la traite négrière reconnu à Maurice crime contre l’humanité : 2004

Alors qu’en mai 2001, en France, la loi Taubira est votée déclarant l’esclavage et la traite négrière comme des crimes contre l’humanité. En septembre de la même année, à Durban en Afrique du Sud, les Nations Unies ont voté sur les mêmes thèmes lors de la Conférence Mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance.

Ainsi, dans cette dynamique, toujours la même année, Jean Claude Armance, député de la majorité et membre des Verts Fraternels, a déposé une motion pour que l’esclavage à Maurice soit reconnu par l’Assemblée nationale comme crime contre l’humanité. En 2004, quoiqu’amendée deux fois par la majorité parlementaire opposée aux réparations, la motion est adoptée et c’est une nouvelle victoire des VF dans le travail des réparations pour les descendants d’esclaves.